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D'étranges rêveries : News
2 mars 2005

Analyse revue et corrigée

 

FUCK THEM ALL

(Cette analyse est purement personnelle et n'est qu'une interprétation du texte de Mylène Farmer …)

Les derniers textes écrits par Mylène sont ceux pour Alizée … textes sur l'enfance, l'adolescence, les premières amours … Même si on ne peut nier leur beauté et leur finesse à entrer dans la psychologie adolescente, leur sujet reste donc relativement frivole …

De même, le dernier texte de Mylène pour elle-même était Pardonne-moi, sorte de texte mystérieux bilan de carrière, demande de pardon, accompagné d'un clip reprenant multiples éléments en clin d'œil à ses clips précédents … Cet extrait figurait sur son Best of, bref … tout annonçait un tournant dans sa carrière … Mais pour aller où ?

Le retour devait donc se faire for, loin des textes alizéens … Eh bien, c'est un pari réussi avec Fuck them all, même si tout le monde ne l'apprécie pas … Dans ce texte assez mystérieux mais aussi étrangement explicite, Mylène règle ses comptes … Elle l'avait déjà fait (Je t'aime mélancolie, Désenchantée), mais elle semble, en cherchant bien, dénoncer des points précis … Ce texte est également plus pessimiste, même si elle est également un constat sur le monde, sur sa désillusion … Mais elle ne cherche pas ici « une âme qui pourra m'aider » … Elle est seule face à sa déroute … Aussi, dans cette chanson, les voix sont multiples et le texte même le français à l'anglais, dont le titre, une insulte … Pourquoi ?

Tout d'abord, je pense que le texte n'importe pas tant que ça … Mylène n'articule à certains moments vraiment pas, et je me demande si ce n'est pas volontaire … Rappelez-vous « Tous tes câlins cessent toute ecchymose » ou autrement dit « Inceste » … Ou comme dans American Life de Madonna, puisque tout le monde veut trouver un lien entre ces deux chansons, où elle dit « American Lie », là où il est écrit « American Life » … Autrement dit, le rêve américain est un mensonge américain … ! Bref, le texte compte, mais surtout ce que l'on entend (musique, sonorités, phonétique, etc.)

Tout d'abord, le titre « Fuck them all » est prononcé par des enfants, les premiers à être facilement corrompus … ils représentent aussi l'avenir et il est important de penser à tout cela en écoutant la chanson et pour la comprendre … Les enfants peuvent aussi représenter au contraire l'insouciante, et ils ne sont pas encore corrompus par le monde des adultes : leur insulte est adressée au refrain provocant, de plus qu'il coupe presque à chaque fois Mylène …

Mylène dénonce notre non liberté dans nos actes, où la liberté n'est qu'un artifice … Chacun de nos geste est dicté : « Pour l'homme qui derrière a une belle qui s'affaire à faire … » Nous sommes manipulés au quotidien par des mensonges que nous croyons et qui nous poussent à agir (pensée pour TF1 ?) : « L'on respire comme ils mentent ».

« Faire l'amour à Marie (…) mais Marie est martyre » semble être une pensée pour ceux qui prêchent la guerre et la font faire, prétextant l'amour de Dieu, je ne citerai pas de nom … Ces phrases prouvent la résonance résolument engagée de ce texte … !

« Au temps des « Favorites », autant de réussite pour l'homme qui derrière à une « Belle » qui s'affaire à faire … » : la réussite parvient aux homme de l'ombre qui dirigent et non à ceux qui occupent le paysage de front (comme dans une guerre !) … L'exposition montre la servitude …

Les « Blood and tears » (sang et larmes) soulignent le côté fatal de ces quêtes prétendues spirituelles guidées par des idéaux fictifs et qui n'amènent que le sang et les larmes …

Les « All » du refrain semblent être les mêmes que les « They » de « They said » du pont musical … Cependant, ceux-ci ne sont jamais nommés, c'est pourquoi le texte peut être interprété de maintes façons …

« De nature innocente l'on manie l'élégance » : la beauté ne représente aujourd'hui plus l'innocence ni l'insouciance mais elle est devenue un outil de propagande …

« Et d'une main experte, d'un glaive l'on transperce … » : ces artifices luxuriants sont de nouvelles armes plus efficaces … L'utilisation du mot « glaive » est intéressante car c'est une épée à deux tranchants, d'où l'idée de s'y prendre à deux fois, d'un côté pile envoûtant, hypnotisant ; et le côté face qui tue et achève immédiatement … Mais le glaive et la balance représentent aussi et surtout la justice et ceux qui l'exécutent … Doit-on y voir une partie des « All » et « They » ? … certainement …

« De façon ravageuse la nature est tueuse … » : la mort se répand sur le monde avec une violence et une rapidité incroyable … Cependant, je pense que vous aurez tous entendu qu'elle disait « ravaCHeuse » plus que « ravaGeuse » … Alors quoi ? Et bien, peut-être un singulier clin d'œil à François Claudius Koenigstein, dit Ravachol, un anarchiste français du XIXème siècle auteur de très nombreux attentats … Alors, peut-être m'étends-je un peu trop, mais avouez que tout le texte s'y prêterait bien  … Volonté de Mylène en écrivant le texte ? Les paris sont ouverts … De plus, il est tout de même fréquent que Mylène fasse des néologismes : rappelez vous de « L'être se monacale » ou encore « Optimistique-moi » … alors pourquoi pas « De façon Ravacheuse, la nature est tueuse … »

 « Les discours trop prolixes : que de la rhétorique » : les discours prononcés sont toujours très verbeux, très diffus, loin d'être clairs, brefs et concis … « Lâchetés familières qui nous rendent guerrières » : ce sont ces discours mal exprimés, incompréhensible qui rendent guerriers. Mais Mylène dit bel et bien « guerrières » et non « guerrier » … texte sur la guerre des sexes ? Aussi certainement … d'où « le sang c'est le sexe » phonétiquement égal à « le sens est le sexe » ! Et oui, tout est dit ! Il est d'ailleurs intéressant de relire ce texte en ne pensant uniquement qu'à cette grille de lecture qu'est la guerre de sexe …

Avec ce texte, Mylène s'inscrit donc clairement dans l'actualité, mais de manière intemporelle … Elle ne prend pas d'exemples et s'en prend à des institutions plus qu'à des faits précis … d'où la force du texte …

Mais attaquons le refrain … Il est introduit par « Sur le mur nos soupirs » comme s'il reflétait en quelque sorte des tags prélevés sur les murs, où les gens crient leurs troubles et leurs rage … « Faites l'amour nous la guerre » est une écho clair à « Faites l'amour non la guerre », mis à part qu'elle dit le contraire … Loin d'un XXL avec un message d'espoir (« On a besoin d'amour … »), Mylène semble ici clairement s'opposer à <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" />la Doxa, à l'avis général … Mais alors, serait-ce qu'elle nous dit qu'elle est pour la guerre … ? Peut-être dit-elle aux hommes « Faites l'amour, nous la guerre » : les femmes prennent leur place ! Mais qu'elle est sa véritable opinion ? Je pense finalement que ce texte ne nous permet pas de le dire … Elle se dévoile pour mieux se cacher … En effet, est-ce toujours Mylène qui chante ? Ou du moins, est-ce qu'elle a toujours son propre rôle dans la chanson … ? Je pense que la musique est un approfondissement du texte … La forme a rejoint le fond pour le théâtraliser ! Elle n'est elle-même que dans les couplets, mais elle joue en quelque sorte un rôle dans le pont musical et le refrain …

Ainsi, on peut mettre en parallèle « La Nature est changeante, l'on respire comme ils mentent » et « De nature innocente, l'on manie l'élégance » … Ce « on » ne semble plus du tout être la même personne, ce n'est plus le même groupe …

Les revendications du refrain semblent faire de l'effet, Mylène s'est faite endoctrinée, et elle fait maintenant partie de cette nature tueuse, puisque ces discours la rendent guerrière …

De même, ce n'est plus la Belle « qui s'affaire à faire de leur vie un empire » mais bel et bien ce nouveau groupe dont elle fait partie intégrante, avec la simple forme infinitive : « Faire de leur vie un Empire » …

Puis, quand le refrain est une nouvelle fois scandé, Mylène a alors ensuite une voix beaucoup plus grave : ça y est, elle est endoctrinée par la propagande qui l'entoure, matérialisé par le refrain ! Elle parle maintenant en anglais (critique des affres de la mondialisation ?), les « They said » disparaissent aussi : c'est elle qui parle alors ; le texte est devenu vulgaire, loin de la poésie du début …

Le refrain revient, puis mêmes les paroles se substituent à la musique et aux enfant qui crient … La musique est plus violente, elle atteint son apogée … La violence succède à la réflexion, à la poésie …

… Je pense que jamais le duo Boutonnat/Farmer n'a été si proche l'un de l'autre, si complémentaire l'un à l'autre …

C'est étrange à die mais cette chanson m'impressionne … oui, c'est bien le mot … Avec de jolis mots bien choisis et une musique excellente, elle défraie cependant la chronique ! Cependant, je ne pense pas à une provoc' pour faire parler d'elle mais à une provocation nécessaire … Preuve s'il en est les tentatives de censure qui ne se justifieraient pas si rien ne choquait en ces paroles ! Or, mis à part le « Fuck », ce qui choque est le contenu, le fond !

Bien sûr, le pont musical est violent et peut choquer mais je le pense nécessaire à cette sorte de théâtralisation de la chanson …

De même, j'ai du mal à comprendre en quoi certains ne parviennent à se reconnaître en ce titre : Mylène change, comme à chaque album, mais reste en même temps là même … On la disait adoucie, elle nous prouve le contraire …

Bravo Mylène, c'est le seul mot qui me vient à l'esprit !

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Commentaires
L
Franchement (tu le sais) je n'aime pas trop la pochette de sa nouvelle chanson ça fait un peu trop variété ! Si tu vois ce que je veux dire !
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