Analyse revue et corrigée
FUCK THEM ALL
(Cette analyse est purement personnelle et n'est qu'une interprétation du texte de Mylène Farmer
)
Les derniers textes écrits par Mylène sont ceux pour Alizée
textes sur l'enfance, l'adolescence, les premières amours
Même si on ne peut nier leur beauté et leur finesse à entrer dans la psychologie adolescente, leur sujet reste donc relativement frivole
De même, le dernier texte de Mylène pour elle-même était Pardonne-moi, sorte de texte mystérieux bilan de carrière, demande de pardon, accompagné d'un clip reprenant multiples éléments en clin d'il à ses clips précédents
Cet extrait figurait sur son Best of, bref
tout annonçait un tournant dans sa carrière
Mais pour aller où ?
Le retour devait donc se faire for, loin des textes alizéens
Eh bien, c'est un pari réussi avec Fuck them all, même si tout le monde ne l'apprécie pas
Dans ce texte assez mystérieux mais aussi étrangement explicite, Mylène règle ses comptes
Elle l'avait déjà fait (Je t'aime mélancolie, Désenchantée), mais elle semble, en cherchant bien, dénoncer des points précis
Ce texte est également plus pessimiste, même si elle est également un constat sur le monde, sur sa désillusion
Mais elle ne cherche pas ici « une âme qui pourra m'aider »
Elle est seule face à sa déroute
Aussi, dans cette chanson, les voix sont multiples et le texte même le français à l'anglais, dont le titre, une insulte
Pourquoi ?
Tout d'abord, je pense que le texte n'importe pas tant que ça
Mylène n'articule à certains moments vraiment pas, et je me demande si ce n'est pas volontaire
Rappelez-vous « Tous tes câlins cessent toute ecchymose » ou autrement dit « Inceste »
Ou comme dans American Life de Madonna, puisque tout le monde veut trouver un lien entre ces deux chansons, où elle dit « American Lie », là où il est écrit « American Life »
Autrement dit, le rêve américain est un mensonge américain
! Bref, le texte compte, mais surtout ce que l'on entend (musique, sonorités, phonétique, etc.)
Tout d'abord, le titre « Fuck them all » est prononcé par des enfants, les premiers à être facilement corrompus
ils représentent aussi l'avenir et il est important de penser à tout cela en écoutant la chanson et pour la comprendre
Les enfants peuvent aussi représenter au contraire l'insouciante, et ils ne sont pas encore corrompus par le monde des adultes : leur insulte est adressée au refrain provocant, de plus qu'il coupe presque à chaque fois Mylène
Mylène dénonce notre non liberté dans nos actes, où la liberté n'est qu'un artifice
Chacun de nos geste est dicté : « Pour l'homme qui derrière a une belle qui s'affaire à faire
» Nous sommes manipulés au quotidien par des mensonges que nous croyons et qui nous poussent à agir (pensée pour TF1 ?) : « L'on respire comme ils mentent ».
« Faire l'amour à Marie (
) mais Marie est martyre » semble être une pensée pour ceux qui prêchent la guerre et la font faire, prétextant l'amour de Dieu, je ne citerai pas de nom
Ces phrases prouvent la résonance résolument engagée de ce texte
!
« Au temps des « Favorites », autant de réussite pour l'homme qui derrière à une « Belle » qui s'affaire à faire
» : la réussite parvient aux homme de l'ombre qui dirigent et non à ceux qui occupent le paysage de front (comme dans une guerre !)
L'exposition montre la servitude
Les « Blood and tears » (sang et larmes) soulignent le côté fatal de ces quêtes prétendues spirituelles guidées par des idéaux fictifs et qui n'amènent que le sang et les larmes
Les « All » du refrain semblent être les mêmes que les « They » de « They said » du pont musical
Cependant, ceux-ci ne sont jamais nommés, c'est pourquoi le texte peut être interprété de maintes façons
« De nature innocente l'on manie l'élégance » : la beauté ne représente aujourd'hui plus l'innocence ni l'insouciance mais elle est devenue un outil de propagande
« Et d'une main experte, d'un glaive l'on transperce
» : ces artifices luxuriants sont de nouvelles armes plus efficaces
L'utilisation du mot « glaive » est intéressante car c'est une épée à deux tranchants, d'où l'idée de s'y prendre à deux fois, d'un côté pile envoûtant, hypnotisant ; et le côté face qui tue et achève immédiatement
Mais le glaive et la balance représentent aussi et surtout la justice et ceux qui l'exécutent
Doit-on y voir une partie des « All » et « They » ?
certainement
« De façon ravageuse la nature est tueuse
» : la mort se répand sur le monde avec une violence et une rapidité incroyable
Cependant, je pense que vous aurez tous entendu qu'elle disait « ravaCHeuse » plus que « ravaGeuse »
Alors quoi ? Et bien, peut-être un singulier clin d'il à François Claudius Koenigstein, dit Ravachol, un anarchiste français du XIXème siècle auteur de très nombreux attentats
Alors, peut-être m'étends-je un peu trop, mais avouez que tout le texte s'y prêterait bien
Volonté de Mylène en écrivant le texte ? Les paris sont ouverts
De plus, il est tout de même fréquent que Mylène fasse des néologismes : rappelez vous de « L'être se monacale » ou encore « Optimistique-moi »
alors pourquoi pas « De façon Ravacheuse, la nature est tueuse
»
« Les discours trop prolixes : que de la rhétorique » : les discours prononcés sont toujours très verbeux, très diffus, loin d'être clairs, brefs et concis
« Lâchetés familières qui nous rendent guerrières » : ce sont ces discours mal exprimés, incompréhensible qui rendent guerriers. Mais Mylène dit bel et bien « guerrières » et non « guerrier »
texte sur la guerre des sexes ? Aussi certainement
d'où « le sang c'est le sexe » phonétiquement égal à « le sens est le sexe » ! Et oui, tout est dit ! Il est d'ailleurs intéressant de relire ce texte en ne pensant uniquement qu'à cette grille de lecture qu'est la guerre de sexe
Avec ce texte, Mylène s'inscrit donc clairement dans l'actualité, mais de manière intemporelle
Elle ne prend pas d'exemples et s'en prend à des institutions plus qu'à des faits précis
d'où la force du texte
Mais attaquons le refrain
Il est introduit par « Sur le mur nos soupirs » comme s'il reflétait en quelque sorte des tags prélevés sur les murs, où les gens crient leurs troubles et leurs rage
« Faites l'amour nous la guerre » est une écho clair à « Faites l'amour non la guerre », mis à part qu'elle dit le contraire
Loin d'un XXL avec un message d'espoir (« On a besoin d'amour
»), Mylène semble ici clairement s'opposer à <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" />
Ainsi, on peut mettre en parallèle «
Les revendications du refrain semblent faire de l'effet, Mylène s'est faite endoctrinée, et elle fait maintenant partie de cette nature tueuse, puisque ces discours la rendent guerrière
De même, ce n'est plus
Puis, quand le refrain est une nouvelle fois scandé, Mylène a alors ensuite une voix beaucoup plus grave : ça y est, elle est endoctrinée par la propagande qui l'entoure, matérialisé par le refrain ! Elle parle maintenant en anglais (critique des affres de la mondialisation ?), les « They said » disparaissent aussi : c'est elle qui parle alors ; le texte est devenu vulgaire, loin de la poésie du début
Le refrain revient, puis mêmes les paroles se substituent à la musique et aux enfant qui crient
La musique est plus violente, elle atteint son apogée
La violence succède à la réflexion, à la poésie
Je pense que jamais le duo Boutonnat/Farmer n'a été si proche l'un de l'autre, si complémentaire l'un à l'autre
C'est étrange à die mais cette chanson m'impressionne
oui, c'est bien le mot
Avec de jolis mots bien choisis et une musique excellente, elle défraie cependant la chronique ! Cependant, je ne pense pas à une provoc' pour faire parler d'elle mais à une provocation nécessaire
Preuve s'il en est les tentatives de censure qui ne se justifieraient pas si rien ne choquait en ces paroles ! Or, mis à part le « Fuck », ce qui choque est le contenu, le fond !
Bien sûr, le pont musical est violent et peut choquer mais je le pense nécessaire à cette sorte de théâtralisation de la chanson
De même, j'ai du mal à comprendre en quoi certains ne parviennent à se reconnaître en ce titre : Mylène change, comme à chaque album, mais reste en même temps là même
On la disait adoucie, elle nous prouve le contraire
Bravo Mylène, c'est le seul mot qui me vient à l'esprit !